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La Corée

Le 1er mai en Corée du Sud : L’héritage de JEON Tae-il

Le 1er mai est célébré à travers le monde en tant que Journée internationale des travailleurs, une journée dédiée à la reconnaissance des luttes et des accomplissements des travailleurs partout sur la planète. En Corée du Sud, cette journée est spécifiquement observée sous le nom de « 근로자의 날 » (Journée des travailleurs), principalement axée sur les employés du secteur privé, tandis que les fonctionnaires et les enseignants poursuivent leurs activités habituelles, les écoles restant ouvertes. 😉

En contraste intéressant, en Corée du Nord, la Journée du travail est l’une des sept grandes fêtes nationales socialistes, connue sous les noms de « 국제로동절« , « 메데절 » ou « 5.1절 ». Elle est célébrée avec grand enthousiasme et accompagnée de diverses festivités qui mettent en avant les réalisations du régime et l’unité socialiste. Cette distinction dans la célébration de la Journée du travail entre les deux Corées offre une perspective fascinante sur leurs différences culturelles et politiques.

En Corée du Sud, cette journée est également marquée par une série d’activités significatives qui reflètent non seulement l’esprit de solidarité ouvrière, mais aussi l’histoire tumultueuse des droits des travailleurs dans le pays. Parmi les figures emblématiques de ce mouvement, JEON Tae-il occupe une place prééminente dans l’histoire de la Corée du Sud. Sa vie et son sacrifice ont profondément influencé les droits ouvriers en Corée, transformant sa mémoire en un symbole de résistance et de changement.

Les activités de la Journée du travail en Corée du Sud

Manifestations et Solidarité

En Corée du Sud, la Journée du travail transcende la simple notion de jour férié. Elle représente une occasion cruciale pour les travailleurs de mettre en lumière leurs droits et d’exiger des améliorations significatives de leurs conditions de travail. Cette journée est largement marquée par des manifestations organisées par les principales confédérations syndicales, telles que la Fédération coréenne des syndicats (한국노동조합총연맹, FKTU) et la Confédération coréenne des syndicats (전국민주노동조합총연맹, KCTU), qui mobilisent des milliers de participants dans des villes majeures comme Séoul et Busan. Ces défilés sont non seulement des démonstrations de solidarité, mais aussi des plateformes pour la revendication, ponctués de discours passionnés, de chants, et de diverses formes de protestation artistique.

Éducation et Commémoration 

Parallèlement, le gouvernement et diverses ONG jouent un rôle complémentaire en organisant des forums, des ateliers et des expositions. Ces événements sont conçus pour éduquer le public sur les enjeux liés aux droits des travailleurs et pousser à l’adoption de législations du travail plus justes. Ils servent également à commémorer les figures emblématiques du mouvement ouvrier, telles que Jeon Tae-il, dont le sacrifice a marqué un tournant dans la lutte pour la justice sociale en Corée.

Reconnaissance et Détente

En plus des manifestations et des activités éducatives, la Journée du travail en Corée du Sud est caractérisée par des initiatives spécifiques qui visent à honorer directement les travailleurs. Selon les informations disponibles, les événements de ce jour incluent non seulement un congé payé pour tous les travailleurs, mais aussi l’accès gratuit ou à tarif réduit aux établissements publics pour les travailleurs et leurs familles. Cette mesure souligne la reconnaissance de la contribution des travailleurs à la société et offre un moment de détente et de loisir, renforçant ainsi le lien entre le bien-être des travailleurs et la célébration de leurs droits.

Valorisation des Contributions

Un autre aspect notable de la Journée est la sélection et la récompense des travailleurs modèles. Ces derniers se voient offrir des récompenses gouvernementales et des opportunités d’inspections industrielles tant au niveau national qu’international, mettant en valeur leur excellence et leur engagement dans leurs domaines respectifs. Cela montre l’importance accordée par la Corée du Sud non seulement à la lutte et à la revendication ouvrière, mais également à la reconnaissance et à la valorisation des contributions individuelles au sein du secteur du travail.

Promotion de la Coopération et Soutien aux Victimes

La Journée du travail voit également l’organisation de festivals de culture du travail, où les œuvres créatives et productives des travailleurs sont sélectionnées et primées. Ces festivals, ainsi que les diverses activités de promotion de la coopération entre employeurs et employés, comme les conférences et les rencontres, jouent un rôle crucial dans la construction d’un dialogue constructif et respectueux entre les différentes parties prenantes du monde du travail.

En outre, une attention particulière est portée aux victimes d’accidents industriels, avec des visites organisées pour réconforter les travailleurs blessés ou malades, soulignant ainsi l’engagement continu de la société envers la sécurité et la santé des travailleurs.

JEON Tae-il, un jeune homme qui a changé l’histoire

Cette diversité d’activités montre que la Journée du travail en Corée du Sud est bien plus qu’une simple journée de congé. Elle est une manifestation vivante de la lutte continue pour les droits des travailleurs, marquée par la solidarité, la reconnaissance et un engagement actif envers l’amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs. Parmi les figures emblématiques qui ont catalysé ce mouvement de réforme, Jeon Tae-il occupe une place prépondérante. Né le 28 septembre 1948 et mort le 13 novembre 1970, il incarne l’esprit de cette lutte grâce à son dévouement sans faille en faveur des droits des ouvriers. Son engagement intense et sa mort tragique ont provoqué une prise de conscience nationale et stimulé des changements législatifs majeurs en faveur des travailleurs en Corée du Sud.

 

Jeon Tae-il : Un héritage pour les droits des travailleurs en Corée du Sud

 

Jeunesse et premières expériences de travail

Né dans une famille pauvre à Daegu, Jeon Tae-il déménage à Séoul avec sa famille après que son père, un tailleur, a été victime d’une escroquerie. La famille vit dans des conditions précaires, souvent sans logement fixe, et Jeon commence à travailler dès son plus jeune âge pour subvenir aux besoins de sa famille. Malgré les défis, il montre un vif intérêt pour l’éducation, mais est contraint de quitter l’école pour aider financièrement sa famille.

En 1965, Jeon commence à travailler dans les usines de vêtements de Cheonggyecheon, un quartier industriel de Séoul. Il est rapidement confronté aux dures réalités du travail industriel : longues heures, bas salaires et conditions de travail dangereuses. Ces expériences éveillent chez lui une conscience sociale et le poussent vers l’activisme.

Militantisme et lutte pour les droits des travailleurs

Jeon devient actif dans le mouvement ouvrier au milieu des années 1960. Il organise des réunions secrètes avec d’autres ouvriers pour discuter des droits des travailleurs et des moyens de lutter contre les injustices du système industriel. En 1969, il fonde « Le Club des Sots (바보회) », un groupe de soutien destiné à éduquer les travailleurs sur leurs droits selon la loi sud-coréenne sur les normes du travail.

Malgré l’hostilité des employeurs et l’indifférence des autorités, Jeon persiste. Il mène des enquêtes sur les conditions de travail dans les usines et soumet des pétitions aux autorités pour exiger l’amélioration des conditions de travail. Ces actions le mettent en conflit direct avec les employeurs et les autorités, mais il continue de plaider pour un changement significatif.

Le sacrifice

Le 13 novembre 1970, en signe de protestation extrême contre l’ignorance des lois sur le travail par les employeurs et le manque d’action du gouvernement, Jeon s’immole par le feu au marché de la paix (평화시장) à Séoul. Avant de passer à l’acte, il distribue des documents détaillant les infractions aux droits des travailleurs dans le quartier. Son acte désespéré attire l’attention nationale et internationale sur les conditions de vie difficiles des travailleurs industriels en Corée du Sud.

Héritage

La mort de Jeon Tae-il ne marque pas seulement un tournant dans l’histoire du mouvement ouvrier coréen ; elle inspire également une nouvelle génération de militants. Peu après sa mort, plusieurs nouvelles lois sur le travail sont promulguées, et le dialogue entre les travailleurs, les employeurs et le gouvernement commence à s’ouvrir.

Les années suivant sa mort voient la formation de nombreux syndicats et une plus grande conscientisation aux droits des travailleurs en Corée du Sud. La vie et le sacrifice de Jeon restent une source d’inspiration pour les militants et les défenseurs des droits des travailleurs dans le monde entier.

Jeon Tae-il est commémoré en Corée du Sud non seulement comme un martyr mais aussi comme un symbole du combat pour la justice sociale et la dignité humaine. Sa vie souligne l’importance de la lutte pour les droits des travailleurs et continue de motiver ceux qui luttent contre l’exploitation et pour l’égalité au travail.

Vous pouvez regarder le film entier sur Jeon Tae-il ci-dessous.

Conclusion

Aujourd’hui, la Journée du travail en Corée du Sud est un rappel puissant de la lutte continue pour les droits des travailleurs. L’histoire de Jeon Tae-il et son impact indélébile soulignent l’importance de la solidarité et de l’activisme dans la quête de conditions de travail équitables et humaines. Chaque 1er mai, en se souvenant de figures comme Jeon, les Coréens ne célèbrent pas seulement les réalisations passées, mais aussi renouvellent leur engagement envers les principes de justice et d’équité pour tous les travailleurs.

 

Comment trouvez-vous son histoire ? Y avait-il des personnes emblématiques en France ou dans votre pays ? Dites-le-moi en commentaire.

10 commentaires

  • Farjon

    Merci Maya, je ne connaissais pas cet aspect de la Corée sur le plan social. Je suis très touchée par le geste de ce jeune homme.C’est lecture instructive.

  • Martine

    Merci Maya
    C’était très intéressant d’apprendre la valeur de cette date en Corée du Sud, qui selon moi a encore plus d’importance là bas que chez nous en France. Par rapport aux conditions de travail en France, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour les travailleurs corééens !
    Martine.

  • Marchand Maryline

    Bonjour Maya, j’ai été touchée par l’histoire de ce jeune homme, il a montré un très grand courage, on histoire est vraiment instructive.

    • Maya

      Merci, Maryline. Nous remercions les personnes qui ont sacrifié leur vie pour la liberté et les droits dont nous profitons actuellement. 🙏

  • Jenna

    Merci beaucoup Maya, pour toutes ces informations aussi instructives, intéressantes humainement et historiquement que riches.
    J’ignorais cet évènement marquant pour la Corée du Sud. Je suis en admiration face à cet homme et en même temps navrée qu’il est dû en arriver là.
    C’est toujours impressionnant et inspirant de savoir que de tels hommes existent et sont allés au bout de leurs principes.
    Je redécouvre le 1er Mai, bien qu’en France ce ne soit pas pareil et qu’il y a encore beaucoup de chemins à faire. J’éprouve aujourd’hui plus de respect pour cette date grâce à toi.
    Donc encore une fois, MERCI !

    • Maya

      Merci beaucoup, Jenna, pour ton long message de retour. Les travailleurs coréens d’aujourd’hui ont une grande dette envers Jeon Tae-il et sa mère, qui a perdu son fils si jeune et brave.

  • Isa

    Merci Maya pour ce partage édifiant : article très intéressant complété par le film 🎥 . Une leçon d’histoire, et un 1er mai coréen différent du reste du monde..

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