La Corée

Faker : la légende coréenne de League of Legends

Quand j’étais enfant, personne ne parlait de « jeux vidéo ». Nous allions simplement jouer aux jeux électroniques. Un jour, mon père avait échangé un billet de 10 000 wons contre cent pièces de 100 wons et a amené mon grand frère et moi à un Oraksil (오락실, salle d’arcade). Nous avions enchaîné les parties de Pac-Man, de Tetris, et de jeux de course… jusqu’à en être complètement lassés. Mon frère n’en voulait plus, et mon père, lui, était rassuré. 

À cette époque, personne ne voyait de valeur dans ce monde. Et pourtant, la Corée préparait déjà quelque chose de nouveau.

Avec l’arrivée des PC Bang (피씨방), l’Internet rapide et les premières compétitions, la Corée a inventé sans le savoir l’eSport moderne. Bien plus tard, ce passé m’a rattrapée le jour où mes enfants m’ont demandé : « Maman, on regarde le documentaire sur Faker ? » Je ne savais même pas ce que ce nom désignait. Ce soir-là, j’ai pourtant découvert un héros inattendu de la Corée contemporaine.

League of Legends

LoL

Beaucoup pensent que « LoL » signifie seulement « Laughing Out Loud », mort de rire en français. Mais dans le monde de jeu vidéo, LoL est l’abrégé de League of Legends, un jeu stratégique à cinq contre cinq. Deux équipes s’affrontent pour détruire la base adverse. Le jeu met en scène des champions au style propre, des compétences uniques, des rôles complémentaires et des combats rapides. Sorti en 2009, il a bouleversé le paysage du jeu vidéo mondial. En quelques années, LoL a attiré des millions de joueurs, puis des ligues professionnelles, des sponsors internationaux et des championnats suivis comme des Coupes du monde.

Jeu de stratégie

Ce jeu n’est pas seulement un divertissement. C’est un monde où stratégie, vitesse, précision et psychologie s’entremêlent. Les joueurs doivent prendre des décisions en une fraction de seconde. Ils doivent gérer la pression, lire la carte, anticiper les mouvements de l’ennemi et s’adapter sans cesse. Pour beaucoup, LoL est aussi intense qu’un match de football. Les erreurs coûtent cher. Les retournements sont fréquents. Et chaque partie crée une tension dramatique.

 

La naissance d’une légende

Un lycéen coréen

Faker en 2020

C’est dans cet univers électrique qu’un adolescent coréen, LEE Sang-hyeok (이상혁), est apparu. Personne ne l’attendait. Né en 1996 à Séoul, il vivait avec son père et sa grand-mère. Il était parmi les meilleurs élèves de sa classe. Mais un talent discret, presque invisible dans sa vie quotidienne, se révélait dans ses parties en ligne. Repéré par une équipe professionnelle, SK Telecom T1, il devient joueur pro à seulement dix-sept ans au nom de Faker (faussaire en français). Quelques mois plus tard, il participe à son premier championnat du monde. Le monde du jeu vidéo allait vivre un choc.

 

Champion mondial à 17 ans

En 2013, contre toute attente, ce jeune joueur sans expérience internationale devient champion du monde. Les commentateurs n’en reviennent pas. Les adversaires sont déstabilisés. Le monde de l’eSport se retourne littéralement. C’est comme si un adolescent inconnu marquait sept buts contre Zidane. Ce moment crée un séisme dans la communauté. Faker entre dans l’histoire en quelques minutes.

Pourtant, ce n’est que le début. En 2015, il gagne de nouveau. En 2016, encore une fois. Un triplé historique, jamais vu dans l’e-sport. Il devient le roi incontesté de League of Legends. Son nom dépasse le monde du jeu. En Corée, il devient une figure nationale. Dans le monde entier, il devient une icône du jeu vidéo.

Détrôné

Mais comme dans toute grande épopée, vient un moment de chute. En 2017, Faker perd le titre mondial. Beaucoup pensent que son règne touche à sa fin. On murmure qu’il ne retrouvera jamais son niveau. L’année suivante, encore l’année après. Le doute s’installe. Mais les légendes ne disparaissent jamais vraiment. Elles attendent.

Retour du roi

Ainsi, en 2023, sept ans après son dernier titre mondial, Faker revient sur la scène avec une force nouvelle. Il retrouve le titre de champion du monde dix ans après le début de sa carrière, une longévité déjà exceptionnelle dans ce milieu. Le monde de LoL a parlé du “retour du roi”. Mais Faker a simplement répondu : « On me dit que je suis revenu, mais je ne suis jamais parti. »
Ce moment reste l’une des plus grandes résurrections de l’histoire de l’esport. Aucun joueur n’avait réalisé un tel exploit auparavant.

Carrière sans égal

Ce n’est pas tout. Il a double champion du MSI (2016 et 2017), et dix titres de LCK à son actif, le championnat coréen. D’ailleurs, il a décroché l’or aux Jeux asiatiques 2023. Il a également reçu plusieurs distinctions personnelles, notamment des titres de Meilleur Joueur (MVP, Most Valuable Player). Du coup, pendant douze ans, il est resté au sommet et a retrouvé plusieurs fois son titre de champion. Son contrat avec T1 n’est pas terminé. Une carrière tout simplement inégalée dans l’histoire du jeu vidéo !

 

L’homme derrière la légende

Simple

Derrière les exploits et les trophées se révèle une personnalité surprenante. Rien chez Faker ne correspond à l’image classique de la star. Une présence discrète, une parole mesurée et un regard toujours calme composent son caractère. Dans les émissions coréennes, son franc-parler sans artifice déroute souvent les animateurs, mais séduit le public par sa sincérité. Aucune pose, aucune histoire fabriquée : seulement une simplicité désarmante.

Stable

Cette attitude reflète une force intérieure rare. Au lieu de poursuivre la gloire, Faker choisit la maîtrise du geste et la progression quotidienne. Sa philosophie tient dans une phrase devenue célèbre : « Je me concentre sur le processus, pas sur le résultat. » Cette manière d’aborder la compétition crée une stabilité remarquable. Peu de joueurs restent plus de dix ans au sommet ; lui y parvient grâce à une constance presque ascétique.

Fidèle

La fidélité constitue un autre pilier de sa personnalité. Malgré des offres colossales venues de Chine, parmi les plus élevées de l’histoire du jeu vidéo, il refuse de quitter T1. Ce choix étonne dans un milieu où les transferts sont nombreux et où les carrières se construisent souvent au plus offrant. Pour Faker, l’attachement à une équipe vaut davantage que l’attrait du prestige financier.

Sobre

Son mode de vie révèle la même sobriété. Une allocation mensuelle de 200 000 wons (= 118€) lui suffit, le reste étant géré par ses parents. Peu de dépenses, peu de possessions, beaucoup de lecture. Essais, ouvrages scientifiques, textes exigeants : ses choix montrent une volonté de garder l’esprit clair et discipliné. Même dans le jeu, cette recherche de simplicité se manifeste. En plus, pas de “skins” brillants — ces apparences virtuelles que les joueurs achètent pour changer le look de leur personnage. La version de base lui suffit, car la précision du jeu compte plus que l’esthétique.

Ainsi se dessine un héros moderne : modeste dans ses gestes, solide dans sa pensée, fidèle dans ses choix et concentré sur l’essentiel.

Portrait de Faker : le roi incontesté de League of Legends

League of Legends – Faker : « Je ne fais pas attention au regard des autres », le 14 octobre 2025, l’Equipe

 

Le héros qui clique au lieu de courir

L’histoire de Faker dépasse largement celle d’un simple joueur. Elle révèle le parcours d’un jeune Coréen devenu une légende grâce à la discipline, à la constance et à une sobriété rare. Dans un univers numérique souvent dominé par le spectacle, son attitude rappelle la valeur d’un esprit calme et d’un engagement fidèle.

Cette trajectoire pose pourtant une question moderne. Autrefois, on appelait les enfants pour qu’ils rentrent. Aujourd’hui, on les supplie de quitter leur écran. Le terme « e-sport » décrit-il vraiment un monde où la performance mentale remplace presque l’effort physique ? Le débat reste ouvert.

Une certitude demeure cependant. Face au bruit et aux excès, Faker choisit l’essentiel. Son parcours prouve qu’un héros peut naître dans le silence, derrière un clavier, sans perdre la dignité des grands athlètes. Et vous, qu’en pensez-vous ? Le héros d’aujourd’hui court-il encore… ou clique-t-il simplement mieux que les autres ?

 

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2 commentaires

  • Edwige

    concernant l’e- sport., je crains que le caractère physique du sport se perde à la longue.
    farker est excellent pour renforcer la concentration.
    est-ce le début d’une innovation? un sport plutôt mental ?

  • IBTISSEM

    coucouuu maya , comme tu la mentionné dans ton mail je comment sur ton article alors oui je connais le e-sport mais grâce a un C-drama que j’adoore et que je te conseille fortement,  » falling into your smille  » c un drama de romance entre deux joueurs de e-sport avc des petits plot twist !! j’espère que tu auras l’occasion de le voir et de m’en dire des nouvelles et si tu la dj vue pourrai tu aussi me donner ton avis sur celui ci

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